R é p o n s e
Le Portugal compte
10,5 millions d'habitants dont 96
% parlent le portugais ; les minorités font
surtout usage du galicien, du romani (la langue des
gitans) et du mirandais. Le Portugal possède
par ailleurs deux archipels dans l'Atlantique, les
Açores (246 700 hab.) et l'île de Madère
(267 000 hab.), où tous les habitants parlent
le portugais comme langue maternelle. Il faudrait
ajouter quelques 5 millions de Portugais
ayant quitté leur pays pour s'installer à
l'étranger (France, Luxembourg, Allemagne,
Canada, USA, Australie, Venezuela, etc.).
Le Brésil compte près
de 200 millions d’habitants
et cette ancienne colonie portugaise, a dépassé
depuis longtemps la mère patrie par le nombre
de ses locuteurs lusophones. Au Brésil le portugais
est la seule langue parlée par presque toute
la population. On estime qu'à l'heure actuelle
133 langues amérindiennes du Brésil
sont sur la voie de l'extinction. En effet, la très
grande majorité d’entre elles compte
moins de 1000 locuteurs, sinon quelques centaines,
voire quelques dizaines de locuteurs.
Le portugais langue seconde
Cinq pays d'Afrique utilisent
le portugais comme langue officielle, qui correspond
en ce cas à une langue seconde pour les habitants
de ces pays. Ce sont tous des anciennes colonies portugaises
qui n'ont accédé à l'indépendance
qu'après 1974: l'Angola (18,5
millions), la Guinée-Bissau
(1,4 million), le Mozambique (20
millions), les îles du Cap-Vert
(500 000), les îles de São Tomé-et-Principe
(157 000) et le Timor oriental en
Asie. (1.050 000).
Mais le maintien du portugais comme langue officielle
dans ces cinq pays totalisant une population de plus
de 30 millions de personnes n'a pas fait disparaître
les langues nationales. L'administration de chacun
de ces états utilise le Portugais, on y enseigne
en Portugais dans les écoles, les médias
sont en Portugais et en plusieurs langues nationales,
etc. Avec ses 11,5 millions d'habitants, l'Angola
continue d'être le premier pays lusophone d'Afrique
même si toute la population continue de faire
usage des ses langues bantoues tout en ayant appris
le Portugais à l'école. La langue portugaise
est moins présente au Mozambique où
l'emploi du portugais se développe au rythme
des campagnes d'alphabétisation auprès
d'une population essen-tiellement agricole et parlant
des langues bantoues.
Les autres pays lusophones d’Afrique (Guinée-Bissau,
Cap-Vert et São Tomé-et-Principe) sont
habités par des populations parlant le créole.
La Guinée-Bissau est un petit état d’habitants
coincé entre deux pays de langue française,
le Sénégal et la Guinée. On y
parle une vingtaine de langues différentes
(peul, mandingue, balante, etc.) et le créole
est utilisé comme langue véhiculaire
au lieu du portugais, langue des élites. Au
large du Sénégal, les îles du
Cap-Vert font usage du portugais comme langue officielle,
mais le créole reste la langue maternelle des
Capverdiens. Enfin, face au Gabon, l'archipel de Sao
Tomé-et-Principe comprend lui aussi une population
essentiellement créolophone, avec le portugais
comme langue officielle. Dans tous les pays lusophones
d'Afrique, prédomine une très forte
diglossie, sinon une triglossie généralisée:
la langue maternelle est l'une des langues nationales;
Portugais, celle de l'école; et le créole,
l'idiome de communication avec les autres ethnies.
Par ailleurs, les pays lusophones d'Afrique
connaissent de sérieux problèmes de
concurrence linguistique. Ce sont tous des pays enclavés
par des états dont la langue officielle est
l'anglais (Angola et Mozambique) ou le français
(Guinée-Bissau, Cap-Vert, Sao Tomé-et-Principe).
Il s'agit également de pays extrêmement
pauvres et/ou en été récemment
en guerres civiles (Angola et Mozambique). Ce sont
des facteurs qui ne favorisent guère l'expansion
du portugais. D'ailleurs, dans les écoles secondaires,
les gouvernements ont même dû développer
l'enseignement des langues secondes, l'anglais pour
l'Angola et le Mozambique, le français pour
la Guinée-Bissau, Cap-Vert et Sao- Tomé-et-Principe.
De plus, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert et São
Tomé e Principe entretiennent non seulement
des liens culturels et économiques très
importants avec leurs voisins francophones, mais ils
font officiellement partie de la Francophonie et des
Sommets francophones.
En Asie il ne subsiste plus que quelques
îlots vaguement lusophones de l'immense empire
colonial asiatique du Portugal : les anciens territoires
indiens de Goa, Damão et Diu,
l’ancien comptoir indonésien de Melaka
(dans l’île de Java). Pour ce qui est
de Macao, un territoire chinois jadis sous administration
portugaise, il a utilisé le Portugais comme
langue de l’administration et était enseigné
comme langue seconde dans les écoles, mais
toute la vie sociale se déroulait en chinois
puisque 95 % des 429 000 habitants parlaient le chinois
comme langue maternelle. La rétroce-ssion de
Macao à la Chine a eu lieu le 20 décembre
1999. Évidemment, le portugais conservera quelques
prérogatives pendant quelque temps, notamment
dans les écoles, comme langue étrangère.
Pour ce qui est du Timor oriental, le cas est différent.
Bien que le portugais ait été interdit
sur l’île depuis 1976 par l’Indonésie,
la langue de l’ancien colonisateur est devenue,
contre toute attente, un instrument de combat de la
part des timorais qui désiraient manifester
ainsi leur différence et leur identité
face aux Indonésiens. Après l’indépendance,
le portugais a émergé de ses cendres
dans l’île dévastée par
la répression indonésienne. En février
2000, les dirigeants timorais ont imposé le
portugais comme langue officielle et le tétum
comme langue nationale.