\
|
|
Je
me souviens quand je suis arrivé à Lisbonne,
venant de Celorico C’était par un matin frisquet
d’automne, sans la moindre brise, qui annonçait un
jour chaud, avec un de ces soleils rutilants de fête
qui enflamment tout Lisbonne, à partir du vieux château
mauresque et jusqu’ aux pierres de la chaussée, transformant
en poussières d’or les matières en suspension
dans l’air, changeant les vitres des carreaux des fenêtres
en miroirs lançant des éclairs dorés,
et donnant à tout Lisbonne la blancheur étincelante,
monotone et triste de la chaux….
Là
à côté, le Tage aussi étincelait,
tout bleu, lisse, comme le ciel sans nuage, sous une pluie
fine de gouttelettes de lumières dorées, avec
au fond sa bordure côtière toute de verdure,
son moulin blanc, ses quelques maisons également
blanches…
Et
par les rues, déjà les omnibus, les trintanários,
les dog-carts, les coupés bleus, élégants
avec leur atelages d’étalons noirs luisants, aux
harnais rutilants, avec les laquais en livrés…et
leurs belles dames vêtues de noir,, grandes, au teint
pâle, ayant l’air fragiles de santé, fatales,
avec leur inévitable caniche de poche et leur petit
page noir…D’un chic époustouflant…!! , Les acacias
en fleurs embaumaient l’air du matin… Un clocher quelque
part appelait à la messe…
Du
Rossio montait le bruit des voitures, les cris des marchands
ambulants, le roulement des tramways, et tout cela vibrait
avec netteté dans l'air léger de novembre…
Le lent bourdonnement de cette ville paresseuse, l'atmosphère
veloutée de ce riche climat semblaient s'insinuer
peu à peu...
In Les
Maia |