Goa
est cette étroite bande de terre située sur
la côte
sud-ouest de l’Inde. Ces frontières sont
délimitées au nord, par la rivière Terekhol
qui le sépare de l’État du Maharashtra
(où se situe la ville de Bombay) et , au sud-est, par
l’État du Karnataka. La mer d’Arabie baigne
la côte ouest sur 101 kilomètres. Le Sonsogor
est le point culminant avec une altitude de 1,167 mètres.
L’état de Goa
couvre un territoire de 3,702 km2 (l’un des plus
petits de la fédération indienne) et comprend
deux districts : Goa Nord avec comme capitale administrative
officielle Panaji
(Panjim ou Nova Goa) et Goa Sud dont la capitale est Margao.
Un
des 25 états de l'Union Indienne
L’état est divisé en 11 talukas (régions)
et comprend 12 communautés d’entraide avec ses
services d’implantation de programmes de développement.
Ces communautés d’entraide en font un des États
les mieux développés en Inde particulièrement
au plan environnemental et des structures. Goa, contrairement
aux autres États fédéraux est directement
soumis à l’autorité centrale du gouvernement
à Delhi. Au recensement de 2001, la population goanaise
comptait 1, 342,000 habitants (0.13% de la population indienne).
L’économie de Goa est basée sur le tourisme
surtout présent le long de la côte. Parmi les
autres industries, on peut citer l’exploitation minière
(fer, bauxite, manganèse…), les conserveries
et les distilleries d’alcool. L’agriculture, bien
qu’ayant subie un net recul depuis les 40 dernières
années, donne du travail à une bonne partie
de la population. On y cultive principalement le riz suivi
de la noix de cajou et de la noix de coco. La pêche
emploie 40,000 personnes.
Panaji (Nova
Goa) est devenue , en 1760, la capitale régionale,
après l’abandon pour cause d’épidémies,
de l’ancienne ville (Velha
Goa) par le vice-roi du Portugal. Ces 2 villes sont situées
sur l’île de Tiswari , bordée d’un
côté par la rivière Mandovi et de l’autre
par la rivière Zuari, île qui sera le théâtre
d’une riche histoire de conquêtes.
La légende et l’histoire hindoue célèbrent
très tôt la ville antique de Goa. Elles font
mention du passage en Inde méridionale d’Alexandre
le Grand et de sa conquête sur une partie du Pendjab.
Entre le XIVème et le XVIème siècle,
le sort de Goa se trouve en alternance entre les mains de
deux dynasties royales : celle des rajahs de Vijayanagar (de
l’état voisin du Karnataka) et de celle des sultans
Bahmanî qui se disputent des emplacements stratégiques.
Goa était un important point d’embarquement des
pèlerins indiens islamisés vers La Mecque mais,
surtout, un port de commerce de première importance
sur la côte occidentale, après Calicut.
En 1475, Goa passe sous domination musulmane, conquise cette
fois par Yusuf Adil Shah, Sultan de Bîjâpur. Il
fait raser entièrement la Goa hindoue pour la rebâtir
au nord et y recevoir des navires de tout l’océan
Indien.
En
1497, Vasco
de Gama reçoit, du roi D. Manuel 1er, la mission
de trouver, par voie maritime, une nouvelle route qui donne
accès au commerce des épices. Il part donc de
Lisbonne, en 1498, avec 3 caravelles pour son premier voyage
exploratoire vers l’Asie. Ce voyage est rendu nécessaire
à cause de la prise de Constantinople par les Turcs
ottomans en 1453 et de la domination musulmane jusqu’en
Méditerranée. Il arrive à Calicut, premier
port d’importance en Inde. Vasco de Gama déçu
par le résultat de ses démarches auprès
des autorités indiennes, rentre à Lisbonne l’année
suivante pour y faire rapport au roi
D.
Manuel 1er.
En
1500, le roi D. Manuel 1er mandate Pedro
Álvares Cabral pour commander une expédition
commerciale vers l’Inde. Il part donc de Lisbonne avec
13 caravelles. Déviant de sa trajectoire, il découvre
un territoire encore inconnu dont il prend possession au nom
de la couronne portugaise qu’il nomme terre de la Sainte-Croix
(Brésil). Du Brésil, il parvient à Calicut
le 13 septembre 1500. Il assiège la ville après
avoir signé un traité de commerce avec le prince
de Cochin. Il y établit un comptoir.
En
1510, l’expédition est confiée à
Afonso
de Albuquerque. Sa mission est d’établir
en Inde des comptoirs qui vont permettre au Portugal
de progressivement arracher aux Vénitiens et aux Génois
le monopole du commerce des épices, des pierres précieuses
et autres richesses en mer Méditerranée.
En décembre de la même année, Afonso
Albuquerque, surnommé le « Terribil »,
assiège et prend la ville qu’il fait détruire
à son tour. Trois mois plus tard, Yusuf
Adil Shah revient avec 60,000 hommes de troupe, bloque
les Portugais dans leurs bateaux et les oblige à battre
en retraite. En novembre, Albuquerque revient avec du renfort
et reprend la ville. Goa
devient, pendant un siècle et demi, la capitale d’un
très vaste empire maritime qui va du Cap de Bonne Espérance
à la mer du Japon. Elle devient la principale puissance
commerciale de l’Orient. Les Portugais font de «
Velha Goa » une cité magnifique que l’on
surnomme la « Lisbonne de l’Orient».
Albuquerque,
devenu le deuxième Vice-roi, la conçoit comme
une colonie et une base navale à la différence
des comptoirs fortifiés établis dans certains
autres ports de l’Inde tels que Damão
et Diu. Il encourage des hommes à épouser
les femmes indigènes et à s’y installer
comme fermiers, commerçants et artisans. Albuquerque
et ses successeurs respectent les coutumes du milieu, interdisant
seulement le rite de la satî (rite d’immolation
des veuves).
Dès 1539, le roi du Portugal exige la présence
de jésuites afin de répondre à la papauté
qui lui demande d’évangéliser les terres
nouvellement acquises. Bien que précédés
par les Franciscains, les Dominicains, les Théatins
et les Augustins, les Jésuites sont le fer de lance
de la nouvelle évangélisation de l’Asie.
Pour favoriser cette évangélisation, on construit
de nombreuses églises
de style monumental.
A
la même époque, Saint
François-Xavier, saint très vénéré
à Goa mentionne la splendeur architecturale
de la ville qui vit son âge d’or entre 1575 et
1625, Ainsi, de l’arrivée des Portugais jusqu’au
XVIIIème siècle, l’activité des
bâtisseurs est immense sur tout le territoire qui lui
vaut son titre de « Rome de l’Orient ».
A
partir de la fin du XVIIème siècle, la ville
n’est plus que l’ombre d’elle-même.
Les causes de son déclin sont diverses. Mentionnons,
entre autres, le contrat de mariage entre Catherine
de Bragance et Charles II, futur roi d’Angleterre,
en 1661, qui précède un traité de paix
entre les deux pays et fait passer la ville de Tanger et une
partie des Indes Orientales aux mains des Anglais. Cela a
pour effet d’affaiblir la position du Portugal en Asie.
Une autre cause du déclin est le manque de ressources
humaines du Portugal face à l’immensité
de son empire ce qui entraîne une incapacité
à suffire aux besoins financiers et commerciaux de
la colonie.
Finalement,
après 450 ans de présence portugaise, Goa est
envahie par les troupes de Jawaharlal Nehru, le 18 décembre
1961 et intégrée dans l’Union indienne,
ce qui n’a pas l’heur de plaire à tous
les Goannais.
Après le rattachement de Goa à l’Inde,
l’état connaît une faible évolution
économique jusqu’aux années 1980. Dans
les années 1970-1980, Goa devient le paradis des
hippies et le rendez-vous des toxicomanes chics de la
planète.
Même si Goa s’imprègne de plus en plus
du caractère indien, ce n’est pas l’Inde.
Les cabanes paysannes portugaises, les nombreuses maisons
agrémentées de vérandas couvertes et
surtout, toutes les petites églises blanches témoignent
de l’époque colonialiste léguée
par les Portugais. Une nourriture plus variée et plus
riche que dans le reste de l’Inde, de la musique portugo-brésilienne
distinguent l’État du reste du pays.
Mais aujourd’hui, presque 50 ans après l’annexion,
les Goannais redécouvrent leur héritage culturel
portugais et ils en sont très fiers. Ils ont la prétention
de le garder vivant. Par exemple, ils ont maintenu leur code
civil portugais, favorable aux droits de la personne. Ils
sont conscients de leur différence et ils veulent remettre
en valeur leur patrimoine et le potentiel architectural de
leurs constructions. Ils revendiquent aussi la protection
de leur territoire contre le développement immobilier.
Bibliographie
Remy, Goa, Rome de l’Orient, Éditions France
Empire, 1955
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