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La langue portugaise
perspectives pour le XXIe siècle

Texte publié par l'Instituto Camões en juin de 2001

Autor:
Jorge Couto

A l'initiative du Conseil de l'Europe et de l'Union européenne, a été célébrée, en 2001, l'Année européenne des langues. Cet événement constitue une raison supplémentaire pour nourrir une réflexion sur le rôle que le portugais jouera au niveau mondial dans ce XXIe siècle qui s'ouvre aujourd'hui.

Cet exercice de prospective se montre particulièrement utile au moment où les questions linguistiques constituent un des thèmes de débat de la plus vive actualité au sein des organismes internationaux liés à l'éducation et à la culture, notamment de l'Unesco et du Conseil de l'Europe.

Parce que les langues remplissent une fonction essentielle dans la genèse des cultures, on comprendra l'importance que la question de la défense du patrimoine linguistique - associée aux préoccupations contemporaines dans les domaines de la préservation de la biodiversité et de la diversité culturelle - a progressivement acquise tant dans les milieux scientifiques qu'auprès de diverses institutions internationales.

1. Diversité linguistique

Les statistiques sur les langues vivantes présentent des chiffres différents mais avancent en général un total supérieur à 6000. Selon les dernières données présentées par l'Unesco, ce nombre atteint 6700.

La distribution des langues vivantes par aires géographiques révèle en premier lieu que l'Europe possède le plus petit nombre d'idiomes - 225, ce qui correspond à peine à 3,4% du total - tout en étant paradoxalement le continent où les préoccupations pour leur préservation sont les plus vives.

En deuxième lieu, elle montre que la majorité des langues se concentre dans des pays en voie de développement qui appartiennent aux continents asiatique (32%) et africain (30%).

La grande diversité linguistique cache cependant une énorme disparité entre les idiomes, en englobant aussi bien ceux qui comptent près de 900 millions de locuteurs que d'autres qui touchent moins de vingt individus. Selon des calculs récents, 600 langues comptent plus de 100 000 locuteurs alors que 500 se limitent à moins de 100.

De nombreuses langues africaines, asiatiques et américaines se trouvent en danger d'extinction et l'on peut constater, selon les dernières estimations, que 25 langues disparaissent chaque année, soit une tous les quinze jours.

L'analyse des facteurs qui contribuent à menacer l'existence d'une langue établit une forte corrélation entre la localisation géographique (prédominance de l'Asie et de l'Afrique), l'état de développement des pays concernés et le statut minoritaire de nombreuses communautés face aux puissants idiomes officiels ; l'on peut citer, à titre d'exemples, les États qui comptent plus de 200 langues : Papouasie-Nouvelle-Guinée (850), Indonésie (670), Nigeria (410), Inde (380), Cameroun (270), Mexique (240) et République démocratique du Congo (210)(1).

Avec la disparition d'une langue, ce n'est pas seulement la création humaine qui meurt, mais aussi une façon d'exprimer une conception du monde, une manière de traduire une relation avec la nature, une tradition orale, une poésie, en somme, une culture, ce qui contribue ainsi à un appauvrissement global de l'humanité.

Ainsi donc, les États, les régions, les sociétés et les organisations citoyennes et culturelles devront, avec l'appui d'organismes internationaux, adopter des mesures assurant la sauvegarde des langues car elles constituent un patrimoine inestimable en jouant un rôle crucial dans la préservation de l'identité de nombreuses communautés menacées sur divers continents et en étant aussi des facteurs irremplaçables de garantie de la diversité culturelle.

Le Portugal a pris récemment des mesures dans ce sens. Il a reconnu officiellement la langue mirandaise (Loi nº7/99, du 29 janvier), a réglementé son enseignement dans le système officiel (Décret d'application nº35/99, du 20 juillet, du ministère de l'Education) et a déclenché, par l'entremise du ministère des Affaires étrangères, les mécanismes conduisant à la signature de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, approuvée en 1992 par le Conseil de l'Europe.

2. Langue maternelle

Les multiples avertissements lancés par les linguistes et d'autres spécialistes des sciences sociales comme par des organisations internationales et par des responsables gouvernementaux de différentes régions du monde viennent souligner, de plus en plus fortement, la fonction cruciale des langues maternelles dans le développement de la créativité humaine comme dans celui des capacités de communication et d'élaboration de concepts et surtout son rôle de premier facteur d'identité culturelle. Ces préoccupations ont rencontré un écho dans la Déclaration Universelle des Droits Linguistiques (DUDL) approuvée à Barcelone le 6 juin 1996, lors de la Conférence mondiale des droits linguistiques.

Afin de contribuer à la préservation de la diversité culturelle et à la protection du patrimoine immatériel de l'humanité, la 30ème session de la Conférence générale de l'Unesco, qui s'est tenue en 1999, a décidé de célébrer chaque année le 21 février la Journée internationale de la langue maternelle.

La première édition de cette initiative a eu lieu en 2000 et, à cette occasion, Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies, a souligné qu'à l'ère de la globalisation où quelques langues sont devenues des langues globales, il est essentiel de préserver les langues locales. De son côté, Koichiro Matsuura, directeur général de l'Unesco, insiste sur l'importance fondamentale et durable de la langue maternelle qui « nourrit, depuis la plus tendre enfance, les pensées les plus intimes ».

Le portugais a occupé, jusqu'au début du XXe siècle, une position relativement modeste parmi les langues maternelles les plus importantes du monde. Ce ne fut qu'à partir des premières décennies du XXe siècle qu'il commença à acquérir une position significative, évolution qui ne cesse de s'accentuer.


Les estimations portant sur les 100 langues maternelles les plus parlées au monde, diffusées en 1999 (www.sil.org/ethnologue/top100.html), plaçaient le portugais en sixième position, en lui attribuant un total de 170 millions de locuteurs. Il en découlait que, parmi les dix langues maternelles les plus répandues sur la planète, le portugais n'était dépassé que par le chinois (mandarin), l'espagnol, l'anglais, le bengali et l'hindi et occupait la position de troisième langue européenne, avec toutefois un nombre de locuteurs identique au russe.

Le croisement de ces données avec des éléments fournis par la géographie et la démographie permet de conclure que seules les trois langues maternelles européennes les plus importantes au niveau mondial - espagnol, anglais et portugais - possèdent le plus grand nombre de locuteurs dans les pays extérieurs aux espaces d'origine respectifs, tous situés sur le continent américain, c'est-à-dire le Mexique, les Etats-Unis et le Brésil. De leur côté, les trois langues orientales les plus importantes ne possèdent pas le statut de langue maternelle dans des Etats situés sur d'autres continents. Les langues européennes en question ont ainsi rencontré dans les ex-colonies américaines de puissants vecteurs favorisant leur expansion planétaire, en surpassant de loin les anciennes métropoles.

La publication de données se rapportant à l'année 2000 élève, après l'introduction de corrections apportées aux calculs antérieurs, l'hindi au rang de deuxième langue maternelle mondiale, en confirmant par ailleurs les tendances très nettes de croissance de l'espagnol, de l'anglais, du bengali et du portugais. Il convient de souligner que notre langue a consolidé sa sixième place pendant que le russe - qui était crédité d'un nombre égal de locuteurs - enregistrait une inversion de sa courbe de croissance due à la désintégration de l'Union soviétique, événement historique qui, d'un point de vue linguistique, provoquera des transformations encore plus visibles dans les prochaines décennies.

Quoique les dernières estimations du Ethnologue. Languages of the World, concernant le portugais, traduisent déjà une approche correcte de la réalité, l'évaluation reste encore insuffisante. Selon les données fournies par les institutions responsables du recensement général de la population des pays de langue officielle portugaise, nous pouvons, en partant de présupposés volontairement minimalistes pour réduire la marge d'erreur, tabler sur un chiffre de l'ordre de 183 millions de locuteurs de portugais langue maternelle, répartis, par ordre décroissant d'importance, sur les continents américain, européen, africain et asiatique.

Les résultats préliminaires du recensement démographique 2000, diffusés par l'Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística (www.ibge.gov.br), évalue la population brésilienne à 170 millions d'habitants, avec un taux géométrique moyen de croissance annuelle de 1,93. De ce chiffre global on devra déduire quelque 320 000 Amérindiens qui possèdent des langues maternelles appartenant à différentes familles linguistiques américaines et, au plus, un million d'émigrants qui pourraient ne pas avoir encore la langue de Machado de Assis comme langue maternelle.

La population portugaise a atteint 10 023 070 habitants à la fin de l'an 2000, d'après les données de l'Instituto Nacional de Estatística (2). Elle a ainsi dépassé pour la première fois depuis quinze ans, la barrière des 10 millions de résidents, phénomène dû non seulement à l'augmentation des naissances et à la diminution des décès - le taux de croissance annuelle s'est établi à 1,2 - mais aussi à l'apport fourni par l'immigration. On estime que sur l'ensemble des résidents au Portugal 300 000 n'auraient pas le portugais comme langue maternelle. Le Deuxième Recensement général de la population et de l'habitation du Mozambique, effectué en 1997 (ine.gov.mz/censo2/00/brochura/00linguas.htm), montre que sur un total de 12 536 800 habitants d'âge égal ou supérieur à 5 ans, 6,5% ont le portugais comme langue maternelle, soit 814 892 personnes. On notera la différence sensible observée quand on répartit le chiffre global selon les zones rurales ou urbaines : dans les premières, le pourcentage se réduit à 2,0% alors qu'il monte dans les secondes à 17%. Ainsi, la grande majorité des citoyens mozambicains qui ont le portugais comme langue maternelle réside dans les villes. Cette observation est illustrée par le témoignage d'un jeune écrivain du Mozambique, Nelson Saúte, qui affirmait récemment : « Ma langue maternelle est le portugais. Bien que la langue de ma mère soit, en réalité, le ronga et la langue de mon pÈre le pitonga. Langues que je comprends et que je parle. »(3)

L'Angola est le pays africain où la langue portugaise est le plus solidement implantée. Des calculs effectués par des universitaires angolais considèrent que le portugais est la langue maternelle de 40% de la population, estimée à 12 millions d'habitants. Il n'est cependant pas possible de prouver statistiquement ces chiffres à cause des grands mouvements de déplacement des populations touchées par le conflit qui ravage le pays. Même si l'on réduit cette projection de moitié - pour une question de prudence -, ce sont au minimum 2 millions d'Angolais qui ont comme langue maternelle "la dernière fleur du Latium".

Les résidents portugais à l'étranger - 4 631 482 selon une estimation de 1997 (4) - contribuent de façon très significative à l’expansion de la langue de Camões dans différentes régions du monde, en particulier les Etats-Unis d'Amérique, le Canada, la France, le Venezuela, l'Afrique du Sud, l'Allemagne, la Suisse et le Luxembourg. On doit encore souligner le fait qu'à partir des années 1980, le Brésil a connu, pour la première fois de son histoire, le phénomène de l'émigration. Les Brésiliens résidant à l'étranger atteignent le chiffre de 1 374 000, en se répartissant comme suit : 970 000 en Amérique du Nord, 250 000 en Asie, pour l'essentiel concentrés au Japon, et 127 000 en Europe. Il est sûr qu'un certain pourcentage de "luso-descendants" n'ont pas le portugais comme langue maternelle, de sorte qu'ils ne peuvent être intégrés aux statistiques concernées, mais l'apport conjoint des émigrants portugais et brésiliens s'élève sans doute à 3 millions au moins.

Les données avancées permettent d'arriver à la conclusion claire que cette estimation pèche par défaut, d'autant que ne sont pas comptabilisées les contributions de trois pays de langue officielle portugaise (le Cap-Vert, la Guinée-Bissau et Sao Tomé et Principe) ou de territoires comme le Timor Oriental et Macao. Le perfectionnement progressif des systèmes statistiques nationaux des pays de langue officielle portugaise permettra d'apporter une rigueur plus grande au calcul du nombre de locuteurs de portugais langue maternelle.

La langue portugaise se trouve donc particulièrement bien placée dans le contexte de la controverse linguistique qui se déroule actuellement sur la scène internationale, parce qu'elle est un des rares idiomes possédant un statut de langue maternelle dans des États et des territoires de quatre continents.

3. Langue globale

Le portugais est actuellement la sixième langue maternelle au niveau mondial, la langue officielle de sept États de trois continents - et, à court terme, de huit États de quatre continents -, la langue de travail dans douze organisations internationales, et il est utilisé quotidiennement par près de 200 millions d'êtres humains.

La position importante que la langue portugaise occupe aujourd'hui dans le paysage linguistique mondial n'est cependant pas le résultat de la mise en oeuvre d'une stratégie visant à atteindre cet objectif, puisque le Portugal n'a pas associé à son processus d'expansion une politique de diffusion de la langue, option contraire à celle qu'ont adoptée d'autres puissances européennes.

Le portugais fut diffusé spontanément par des navigateurs, des soldats, des marchands, des marins et des missionnaires qui, à partir du XVe siècle, se sont répandus aux quatre coins du monde, de Ceuta au Japon.

L'absence de lien entre le projet de création d'un empire et la dimension linguistique correspondante a conféré au processus d'expansion de la langue portugaise un caractère de dissémination qui serait à l'origine de l'apparition de différents créoles en Afrique, en Asie et en Amérique.

L'analyse de l'estimation du nombre de locuteurs des huit principales langues européennes - du XVIe à la fin du XXe - révèle que le portugais n'a commencé à prendre de l'ampleur que dans les cent dernières années. Jusqu'en 1900, la langue portugaise s'est presque toujours située en huitième position, à l'exception des années 1700 où elle atteignit la 7ème place (4 millions). Ce n'est qu'en 1935 que la langue de Camões connaît un mouvement soutenu de croissance, accédant à la sixième position (47 millions) et dépassant définitivement le polonais et l'italien. En 1992, selon les estimations des démographes Jean-Claude Chasteland et Jean-Claude Chesnais, le portugais parvient à la quatrième place avec 160 millions de locuteurs, à la suite de la conjugaison de facteurs comme la croissance démographique brésilienne et portugaise et les programmes d'alphabétisation entre temps développés dans les Pays Africains de Langue Officielle Portugaise (PALOP).

Ces dernières années, la consolidation d'importantes mutations géopolitiques survenues en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique australe, a eu une répercussion particulière dans le domaine de l'utilisation des langues. Sur le continent européen, la désintégration du Pacte de Varsovie et de l'Union soviétique a provoqué dans nombre d'États d'Europe centrale et d'Europe de l'Est, une réduction drastique de l'enseignement du russe dans les systèmes d'enseignement concernés. Le développement de la SADC, organisation mise en place en 1980, qui rassemble la majorité des pays africains de l'hémisphère sud, a fait du portugais et de l'anglais les deux langues officielles de la région. Enfin, en Amérique du Sud, la création en 1991 du Mercosur est en train de provoquer un changement notable du panorama de l'enseignement des langues étrangères en conférant au portugais et à l'espagnol le statut de langues obligatoires dans le Cône sud.

C'est dans le nouveau cadre des relations internationales issu de la fin de la période de la guerre froide, où se détachent particulièrement les phénomènes d'intégration régionale qui s'intensifient sur les quatre continents, qu'il conviendra d'analyser les perspectives de l'évolution de la langue portugaise dans le contexte mondial.


En croisant les données fournies par les organisations de caractère régional dans lesquelles le portugais remplit la fonction d'une des deux langues officielles avec les projections démographiques des Nations unies jusqu'en 2050, nous arrivons à la conclusion que notre langue rencontre les plus grandes potentialités de croissance en tant que langue de communication internationale en Afrique australe et en Amérique du Sud.

3.1. Afrique australe

Les Pays africains de langue officielle portugaise forment une base de première importance pour l'expansion du portugais en Afrique. Le choix de la langue de Camões fut fait par les mouvements indépendantistes en pleine lutte de libération et résulta de la reconnaissance du fait que son utilisation contribuerait efficacement à consolider les frontières politiques et culturelles des futurs pays en aidant également à consolider l'indépendance et l'unité nationale. Bien sûr, ont pesé sur cette décision les exemples des processus de décolonisation sur le continent africain, mais aussi la publication en 1958 d'une oeuvre capitale qui exaltait le rôle de la langue dans la construction de l'unité du Brésil (5). Le fondateur du PAIGC, Amílcar Cabral (1924-1973), a résumé ce courant de pensée en affirmant que « le portugais est une des meilleures choses que les Portugais nous ont laissées ».

Le potentiel d'expansion de notre langue en Afrique est tout à fait considérable, surtout dans l'hémisphère sud. En dehors des PALOP, dont la population s'élèvera, selon les estimations de l'Onu, à 58 millions en 2025 et à 83 millions en 2050, on enregistre une demande croissante de l'apprentissage du portugais dans les divers systèmes d'enseignement de pays qui intègrent la SADC, avec une mention spéciale pour l'Afrique du Sud, la Namibie et le Zimbabwe. On observe dans plusieurs Etats de l'UEMOA et de la CEDEAO un phénomène identique, avec les cas particulièrement révélateurs du Sénégal (plus de 10 000 élèves dans les enseignements secondaire et supérieur), de la Côte d'Ivoire et du Gabon.

3.2. Amérique du Sud

Le phénomène récent d'intégration régionale qui a conduit à la création du Mercosur contribue aujourd'hui fortement à un mouvement réciproque d'enseignement du portugais et de l'espagnol entre les pays membres. L'association de cet élément nouveau et dynamique avec les projections démographiques révèle qu'il existe une énorme marge pour une croissance exponentielle de l'enseignement de la langue portugaise en Argentine, en Uruguay et au Paraguay, dont la population globale atteint aujourd'hui 44,5 millions d'individus et approchera les 60 millions en 2025 et les 71 millions en 2050.

Ces perspectives sont déjà en phase de concrétisation, selon les plus récentes données disponibles. Au dernier trimestre de l'an dernier, un reportage du quotidien argentin Clarín soulignait que le "Portugués, el outro idioma del Mercosur" était enseigné dans des instituts, des universités, des écoles primaires et secondaires, le nombre d'Argentins qui l'étudiaient dans tout le pays s'élevant à plusieurs milliers.



L'enseignement de notre langue est déjà obligatoire dans plusieurs provinces (Formosa et Santa Fé) et le secrétariat à l'Education de la municipalité de Buenos Aires vient de mettre en oeuvre un programme d'enseignement bilingue dans les écoles primaires de cette capitale. Selon des recherches publiées en février 2001, la Gazeta Mercantil (Sao Paulo) révèle que sur un ensemble de 300 écoles de langues en Argentine, le portugais a atteint le rang de deuxième langue étrangère et l'on observe une tendance identique en Uruguay et au Paraguay, ainsi que dans des pays latino-américains appartenant au Mercosur, comme le Chili, le Venezuela et le Mexique.

3.3. Autres régions

En août 2000, le Conseil national du CNRT a décidé d'adopter le portugais comme langue officielle du Timor Oriental, décision qui portera à huit, dans un très proche avenir, le nombre d'États de langue officielle portugaise sur quatre continents.

Il s'agit là d'une décision stratégique hautement symbolique (6), récemment confirmée par le gouvernement issu des premières élections libres réalisées dans le territoire, ce qui permettra à la CPLP (Communauté des Pays de Langue Portugaise) de compter un membre de plus sur le continent asiatique.

La réalisation du projet des dirigeants du Timor exige un effort concerté entre les pays de langue officielle portugaise dans le but d'atteindre, à moyen terme, l'objectif fixé.

La création d'un état de langue officielle portugaise en Asie favorisera l'apprentissage du portugais dans différents pays du continent. Un phénomène qu'on observe déjà, par exemple, en Indonésie, aux Philippines et au Vietnam, tout en enregistrant, parallèlement, une augmentation du nombre d'étudiants au Japon, en Chine et en Corée du Sud. Elle renforcera aussi l'intérêt pour notre langue à Goa, Damân et Diu (Inde), Malacca (Malaisie) et dans la Région administrative spéciale de Macao (Chine), régions où quelques fractions de la population parlent le portugais ou des créoles de base lexicale portugaise.

Le développement des relations économiques et culturelles associé à la présence de communautés portugaises importantes a créé des conditions favorables à l'expansion de l'enseignement de la langue portugaise soit dans l'Union européenne, en particulier en France, en Espagne, en Allemagne et au Luxembourg, soit en Amérique du Nord (USA et Canada). Dans plusieurs pays d'Europe centrale ou d'Europe de l'Est, on enregistre une hausse sensible de l'apprentissage du portugais, spécialement dans l'enseignement secondaire, surtout en Roumanie, en Hongrie, en Russie et en Bulgarie.

Les éléments disponibles attestent clairement une affirmation grandissante du portugais dans la SADC et dans le Mercosur, qui est en train de s'étendre aux pays limitrophes. "Notre noble langue portugaise", comme l'appelle Fernando Pessoa, montre, par conséquent, une forte vitalité qui se traduira, dans la première moitié du XXIe siècle, par un remarquable processus d'expansion sur plusieurs continents.


Notes:
(1) HAGÈGE, Claude, Halte à la mort des langues, Paris, Editions Odile Jacob, 2000.
(2) Projecções de População Residente 1995-2025.
(3) Interview accordée par Maria Teresa Horta, in Diário de Notícias, nº 48 189, 28 février 2001.
(4) MNE/DGACCP/Divisão de Informação e Documentação.
(5) LIMA SOBRINHO, Barbosa, A Língua Portuguesa e a Unidade do Brasil, 2ème éd., Rio de Janeiro, Editora Nova Fronteira, 2000.
(6) HULL, Geoffrey, Timor-Leste. Identidade, Língua e Política Educacional, Lisboa, Instituto Camões, 2001.